Un peu d'histoire : l'épidémie de 1918 à Aubenas
Il y a cent ans, Aubenas vivait déjà la pandémie. En 1918, à la fin de la 1ère guerre mondiale, la grippe espagnole tua près de 250 000 personnes en France. Nous reprenons ici un article paru dans La Tribune.
« Malgré la difficulté de retrouver des traces historiques de cette pandémie du siècle dernier, compte tenu de la désorganisation de l’Etat au bout de quatre années de guerre, on dénombre environ cent vingt cinq Albenassiens emportés par la maladie, entre le 20 septembre et le 25 novembre 1918. Soit plus de deux décès par jour, en moyenne.
Au fil des colonnes de l’état civil, un profil de victime se dessine. La population touchée est jeune, féminine et issue des classes sociales les plus défavorisées. Le bilan humain est glaçant, mais Aubenas reste une des villes les moins impactées de l’Ardèche. Ayant fait office de ville hospitalière durant la guerre, elle compte alors quatre hôpitaux militaires réunissant une capacité de mille deux cents lits.
Le maire de l’époque, Charles Robert, prend des décisions fortes. Là où un malade s’éteint, il est demandé d’évacuer les locaux considérés comme contaminés afin de les désinfecter et de blanchir les murs. Les proches des malades sont soumis à un traitement médical fait d’huile de goménolée et d’eau de Labarraque. Les écoles sont fermées et la rentrée scolaire reportée au 21 novembre.
La solidarité se met en place. M. Chaudasson, fabricant de savon de Marseille, offre deux mille kilos de savon car, malgré le siècle qui nous sépare de cet évènement, les consignes de prévention ne sont pas si différentes de celles d’aujourd’hui : lavage régulier des mains, évitement des contacts et des « imprudences inutiles ».
D’autres conseils peuvent faire sourire, comme la recommandation de fumer pour les messieurs ou la consommation de thé alcoolisé pour les dames.
Economiquement, alors que les récoltes de châtaignes sont annoncées comme exceptionnelles, seuls quelques sacs sont mis à la vente sur les marchés hebdomadaires du samedi... beaucoup de producteurs étant couchés. Le 11 novembre 1918, la France est victorieuse de l’ennemi allemand, mais la population continue de se battre contre un mal invisible. Il n’y a ni liesse, ni cris dans les rues.
La fête aura pourtant bien lieu, le 11 novembre 1919 ! Libérée de tous ses maux, la population d’Aubenas, riche de sa différence, se rassemble unie comme elle le fit souvent lors des grands moments de l’histoire. »